12 mai 2019
Ils lui vouent une sorte de culte. Elle fait régulièrement l’objet de grand-messes, de réunions plénières, de visites documentées, de recherches, de sélection génétique, et de tous les petits soins délicats que peuvent prodiguer leurs engins de 250 chevaux. Elle, c’est leur fameuse «Forêt Cultivée», objet de toute leur propagande.
Pour rendre hommage à cette grande œuvre, j’ai décidé d’organiser une exposition de photographies, exposition qui sera étalée sur plusieurs mois, avec des apports épisodiques, au gré de mes humeurs et de mon temps libre.
Commençons aujourd’hui avec une série prise tout à l’heure, sur une jeune plantation de pins maritimes, laquelle a été faite sur labour (eh oui, ils labourent même le sable, soi-disant pour l’ameublir !…) après avoir détruit le semis naturel qui s’y trouvait. Et avant ce semis naturel, ils avaient détruit les jeunes adultes rescapés de l’ouragan Klaus.
Beau paysage !… mais arrêtons-nous un moment sur cette belle plante rouge qui illumine le paysage au printemps. Cette plante, c’est la petite oseille (Rumex acetosella). En utilisant la méthode de Gérard DUCERF, voyons donc ce qu’elle nous raconte, cette petite plante sympathique. Eh bien le diagnostic est très clair. Ce sol envahi de petite oseille se trouve dans une situation assez grave : fortes carences en calcium, forte érosion, fort lessivage, faible pouvoir de rétention, etc.. À quoi est dû ce triste état ? Eh bien tout simplement aux pratiques culturales : coupe rase, débroussaillement, destruction des végétaux, labour, émiettage du labour, exposition du sol nu à la lumière directe du soleil, dégradation de la matière organique, libération du carbone, lessivage de l’azote. Voilà donc comment tuer facilement son sol.
Terminons notre visite. Voici quelques plants photographiés au hasard en enfilade. J’aurais pu les photographier tous, mais bon !… Voici en tous cas le niveau de qualité qu’on trouve sur le terrain pour des plants qui sont vendus en tant que VF3 (ou même peut-être VF4), c’est-à-dire la crème de la crème de la sélection génétique. Certes, leurs déformations ne sont pas liées à la génétique puisqu’elles sont évidemment l’œuvre des chevreuils, mais le propriétaire a quand même déboursé 1.000 € par hectare pour se retrouver avec un peuplement dont les seuls débouchés seront soit la pâte à papier pour faire du papier-cul ou des couches-culottes soit, dans le meilleur des cas, le bois à palette ou à caisserie. Les prêtres de cette « Forêt Cultivée » persuadent leurs ouailles qu’il s’agit d’une sylviculture rentable et leurs ouailles croient leurs prêtres sur parole. Parole divine.
Et peut-être seriez-vous curieux de voir l’aspect des lieux avant la plantation. Voici (photos de novembre 2017) :
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