Une étude intéressante sur nos sols landais :
Il s’agit d’une revue bibliographique publiée en 1999 sur le sujet, et coordonnée par Pierre Trichet (I.N.R.A. de Pierroton), dans le cadre de la monoculture intensive du pin maritime. Bien que sa publication soit déjà ancienne, il semble bizarrement que personne ne se soucie des mises en garde qui y sont faites.
Quelques extraits :
[…] D’ores et déjà, des scénarios plus intensifs fondés sur de courtes rotations (20 à 25 ans) sont envisagés par les gestionnaires forestiers pour répondre à l’évolution du marché vers la production de bois de trituration (Lesgourgues et al., 1997). Face à l’apparition de tels scénarios, impliquant une pression accrue sur les sols forestiers (interventions mécaniques, augmentation de la productivité forestière et raccourcissement des rotations), le maintien de la fertilité des sols à long terme se pose de manière cruciale. Dans un souci de gestion durable des ressources minérales et organiques du sol à l’échelle du massif landais, un certain nombre de travaux ont déjà été réalisés ou sont en cours de réalisation. […]
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[…] La mise en andain et le brûlage provoquent des pertes minérales importantes (lessivage, volatilisation, pertes particulaires) et privent le sol d’un apport de matière organique fraîche, nécessaire au maintien de ses caractéristiques physico-chimiques. Ces pratiques sont donc à déconseiller dans le cadre d’une gestion durable. Chez le Pin maritime l’écorce est épaisse : elle constitue sur un peuplement de 26 ans de l’ordre de 12 % de la biomasse aérienne (Porté, 1999). L’écorçage en forêt permettrait de réduire les exportations, et restituer au sol une importante quantité de matière organique (+55% par rapport à la restitution du houppier seul, sur le peuplement étudié de 26 ans) et de minéraux : pour un pin maritime de 16 ans, 30 % de l’azote et du phosphore contenus dans le tronc, sont dans l’écorce (Lemoine et al. 1988, 1990). Cependant, la valeur commerciale de l’écorce de Pin maritime (très recherchée en horticulture), rend peu probable l’hypothèse d’un écorçage in situ. […]
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[…] les effets observés lors de la mise en culture de ces sols (Jolivet et al., 1997) laissent penser que l’effet mécanique de la coupe rase et du travail du sol possède un impact important, au moins en ce qui concerne la minéralisation des stocks de matières organiques. Le labour profond réalisé avant l’installation de la plantation, favorise l’incorporation de la matière organique dans le sol, accélère la minéralisation et provoquerait ainsi une libération massive d’éléments minéraux dans le sol, qui peuvent être immobilisés dans la strate basse ou par les jeunes arbres, ou exportés hors du profil par drainage. Le mélange des horizons supérieurs (O et A1) provoqué par le labour peut également être à l’origine d’une dilution des stocks d’éléments minéraux et organiques localisés dans la couche superficielle du sol. […]
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[…] Dans un contexte similaire, Schmitt et al. (1996) ont mis en évidence une diminution des teneurs en azote minéralisable et en phosphore assimilable, liée à la préparation mécanique du sol. […]
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[…] Pennock et van Kessel (1997) observent ainsi que la réduction des stocks de carbone liée à la coupe rase varie en fonction de la texture du sol, les pertes les plus importantes étant mesurées dans les sols de texture sableuse. […]
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[…] La fixation symbiotique d’azote est assurée par des ajoncs (Ulex nanus et Ulex europaeus), aucune estimation des quantités fixées ne peut à ce jour être fournie, cependant la non dominance des ajoncs parmi la flore landaise peut amener à penser que les quantités fixées sont faibles. La fixation non symbiotique de l’azote n’a jamais, à notre connaissance, été abordée, dans le contexte landais […]
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[…] L’introduction de cultures intercalaires de légumineuses fixatrices d’azote (engrais vert), comme cela a été réalisé en Australie sur Pinus radiata (Nambiar et Nethercot, 1987 ; Smethurst et al., 1986), pourrait être ne solution à tester. […]
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[…] Une acidification supplémentaire de sols déjà très acides ne serait pas sans conséquences néfastes sur l’évolution de la fertilité des sols landais. […]
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[…] Les perspectives d’intensification, basée sur le raccourcissement des rotations et l’accroissement des exportations minérales hors de l’écosystème, seront donc à considérer avec la plus grande prudence. […]
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[…] De toutes les modifications probables de l’itinéraire technique sylvicole du Pin maritime, le raccourcissement des révolutions est sans doute le point le plus délicat à prendre en compte dans le raisonnement du maintien de la fertilité des sols landais. En effet, l’augmentation des fréquences des prélèvements minéraux et organiques, et des perturbations du sol liées à la coupe rase, est susceptible d’engendrer d’importants changements dans les caractères et la fertilité des sols forestiers landais. […]
Deux remarques :
1- Une petite rectification : il serait temps que les forestiers cessent d’employer le terme de ‘rotation‘ à la place de ‘révolution‘. Ce n’est absolument pas la même chose et cette erreur entraîne une confusion néfaste. Dans toute cette étude – du reste fort intéressante – c’est la notion de ‘révolution’ qui est représentée par le terme ‘rotation’.
2- Une interrogation : si les légumineuses permettent la fixation symbiotique de l’azote, pourquoi détruit-on systématiquement et régulièrement les légumineuses présentes, ajoncs et genêts notamment ? L’étude suggère d’en introduire artificiellement, comme cela a été tenté en Australie, alors que de nombreuses parcelles landaises en sont déjà bien pourvues !…
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